Prendre cette maison du XIXe siècle un peu sombre et négligée, l’amener au siècle présent, tout en respectant ses origines. Voilà le défi que s’étaient donné Jason et Rachel Schwartz après avoir acquis cette propriété de la rue Drummond, en 2008. Ajoutez à cela leur passion pour l’art, et voilà, nous sommes dans cette demeure d’exception, située dans un quartier qui l’est tout autant.
Ce quartier, c’est le Mille Carré Doré1 qui prend racine au pied du mont Royal, dans l’ouest du centre-ville. L’endroit a été loti de somptueuses demeures, principalement par la bourgeoisie anglophone qui venait s’y établir entre 1850 et 1930. Depuis, certaines de ces maisons ont connu une nouvelle vocation, mais beaucoup ont disparu pour faire place à des tours de bureaux, condos, hôtels, commerces… Construite en 1891, la maison de type townhouse que nous visitons aujourd’hui a pour sa part vaillamment résisté.
Quand M. Schwartz s’y est intéressé, elle était occupée par une firme d’architectes. Cela étant, on pourrait croire que l’affaire était bonbon pour l’acquéreur, mais c’est ici que le proverbe du cordonnier mal chaussé prend son sens. « C’était vraiment un endroit de création et de travail pour eux, relate M. Schwartz. Il y avait des étagères et des échantillons un peu partout. Il y avait eu des rénovations qui ressemblaient plus à du bricolage, avec une moitié de salle de bains… On a trouvé toutes sortes de choses, même dans les murs », dit-il avec amusement.
Évoluant lui-même dans le domaine de l’immobilier, M. Schwartz a l’habitude de rénover des immeubles et de leur donner une nouvelle vie. Dans le cas présent, il s’agissait d’un coup de cœur, admet-il. C’est ici que lui, sa conjointe et leurs trois enfants, qui étaient encore jeunes, allaient s’établir. Plutôt que la banlieue, la cour et le voyagement, ils ont choisi d’être près de tout. Près des universités, de la vie culturelle, des affaires, des commerces et du mont Royal. « On n’a pas de cour, mais la montagne est là », signale Rachel.
Si les rénovations précédentes avaient été faites au fil des ans et des besoins, celles du couple ont été menées en 2009 avec grande minutie, une vue d’ensemble puis un amour évident pour le beau et le bon.
Abattage de murs pour laisser passer la lumière naturelle, installation d’un ascenseur, agrandissement, terrasse, rehaussement du plafond dans la salle à manger, isolation, bétonnage et finition du sous-sol, bref, il n’y a pas un centimètre de cette maison qui n’a pas été revu, corrigé si nécessaire, et mis en valeur.
Outre le plan d’étage, qui a été travaillé avec l’architecte Frederic Klein, le couple a planifié et coordonné lui-même les travaux, l’aménagement intérieur, la décoration et la restauration. « Les boiseries, les arches, les portes, on a essayé de restaurer tout ce qu’on a pu », résume Rachel. Les éléments trop abîmés étaient copiés et refaits. Dans cet heureux mariage d’ancien et de nouveau, il n’y a rien de trop, ni de pas assez. Juste ce qu’il faut pour créer une ambiance, agrémenter la vie de tous les jours et surprendre l’œil.
Alors qu’un voyage en ascenseur est généralement ennuyant, ici, dans cette maison de quatre niveaux, c’est un périple un peu fantasmagorique. Cela, grâce à l’œuvre murale que Tim Barnard, artiste cofondateur du collectif montréalais En Masse, a dessinée dans la cage d’ascenseur, tout le long du parcours.
De fait, l’art contemporain, particulièrement l’art urbain, tient une place de choix dans cette propriété. Chaque œuvre a une histoire chère aux maîtres des lieux. Cette œuvre murale dans la salle d’entraînement a été dessinée par deux artistes rencontrés lors d’un voyage en Israël. Cette autre, dehors à l’arrière de la propriété, est le fruit du travail d’un artiste montréalais. Ce tableau, peint sur le mur et qui dégouline élégamment jusque sur le plancher immaculé, à l’étage supérieur, est l’œuvre d’un autre. Les assiettes qui ornent les murs de la cuisine, créations de l’artiste et designer Piero Fornasetti, ont été rapportées d’Italie, et tutti quanti…
Les quatre niveaux de la maison ont chacun leur fonction définie : le rez-de-chaussée regroupe les pièces à vivre ; le deuxième étage, avec ses trois chambres, deux salles de bains et une grande salle familiale, était le royaume des enfants ; le troisième est le quartier des maîtres ; et le sous-sol est utilisé comme bureau par les propriétaires, mais a tout ce qu’il faut pour être un logement intergénérationnel.
Le couple apprécie toujours la vie au centre-ville et compte bien y rester. Mais comme la maison est devenue un peu trop grande depuis que les enfants volent de leurs propres ailes, Jason et Rachel ont décidé de la mettre en vente pour aller dans plus petit. Il n’y aura pas loin à faire, puisqu’ils projettent d’emménager dans un autre de leurs projets actuellement en chantier, juste en face. Deux maisons de ville et d’époque elles aussi, qui connaîtront une nouvelle vie sous la forme de quatre logements.
1 Le Mille Carré Doré est délimité à l’ouest par la rue Guy (Côte-des-Neiges), à l’est par Robert-Bourassa (University), au nord par le mont Royal puis au sud par le boulevard René-Lévesque.
Prix demandé : 6 500 000 $
Évaluation : 3 486 900 $
Description : maison de ville en pierre datant de 1891, complètement rénovée et modernisée, tout en conservant son cachet d’époque.
Superficie du terrain : 3169 pi2
Impôt foncier : 29 244 $
Taxe scolaire : 2975 $
Courtier : Joseph Montanaro